Minutieux et dotés d’une grande dextérité, nos artisans sont capables d’habiller n’importe quel support dans le domaine de l’ameublement ou de l’agencement, en travaillant le cuir ou tous types de matériaux souples à travers la gainerie, la sellerie ou encore la tapisserie.
Cuir et matériaux souples
Gainage
La gainerie est un art ancestral subtil, un savoir-faire traditionnel qui s’effectue à la main. Elle consiste à recouvrir n’importe quel objet ou meuble par du tissu, du cuir, de la feutrine ou tout autre matériau similaire.
Son histoire remonte à l’Antiquité, période durant laquelle le gainage se pratique plus comme un élément de décoration pour des objets de luxe, coffres ou miroirs par exemple. Au moyen-Age, c’est principalement pour des objets religieux que l’on utilise cet art sur les missels, reliquaires ou chandeliers.
Pendant la Renaissance la technique se perfectionne et gagne en popularité. Elle sert alors à décorer des meubles comme des chaises ou des tables. Mais c’est réellement sous le siècle des Lumières que les artisans français développent des techniques plus avancées pour travailler et embellir le cuir. Ils utilisent par exemple la dorure à chaud ou la marqueterie de cuir. Leur art devient très populaire et l’on aime alors recouvrir les meubles comme les commodes ou les armoires pour leur donner un aspect plus riche, plus luxueux.
Au XIXème siècle le gainage se démocratise. On le retrouve sur des objets du quotidien comme des porte-cartes, des étuis à crayons et bien sûr les boîtes à cigares alors très usitées.
Aujourd’hui les ateliers de Rinck perpétuent ce savoir-faire pour créer des pièces uniques et des objets décoratifs haut de gamme. Il nécessite des compétences techniques et artistiques particulières de la part des artisans. Leur maîtrise d’outils spécifiques, comme des fers à dorer et des poinçons, est essentielle pour créer des détails précis et des finitions fines. Leur connaissance des matériaux, en particulier du cuir, requiert une manipulation minutieuse afin de pouvoir le fixer sur un support avec précision et élégance.
En aménagement, le gainage est par exemple utilisé pour recouvrir l’intérieur de tiroirs qu’il s’agisse de bureaux de styles ou modernes, ou bien de dressings. Il se pratique également pour recouvrir des pans de murs qui viennent habiller et donner une identité propre et un caractère particulier à une pièce. Il est couramment utilisé dans les projets des ateliers mobilier pour des choses courantes comme la réalisation d’articles de bureaux, sous-mains, bloc-notes ou pots à crayons mais aussi pour des objets de luxe comme des écrins à bijoux ou boîtes à cigares.
Les artisans gainent également les chaises ou fauteuils qu’ils fabriquent en interne tout comme les plateaux de bureaux de style. Ils sont capables d’utiliser une grande variété de matériaux, le cuir bien sûr mais aussi le tissu, le papier, la paille, le bois et les métaux. Les designers peuvent ainsi choisir des matériaux qui s’accordent avec leur vision créative et les exigences fonctionnelles de leur projet. Tout est une question de maîtrise technique et de design, les possibilités et les choix sont multiples, les réalisations aussi.
Sellerie
La sellerie est un art ancestral qui consiste à travailler le cuir pour la fabrication de divers objets. Son histoire remonte à l’Antiquité. Les artisans selliers confectionnent à l’époque des selles et des harnais pour les chevaux. Avec le temps elle se développe et se destine aux cours itinérantes. Au XIIIème siècle, les selliers fabriquent des objets en cuir cousu et collé. Dans une époque où l’on se dispute guerres et tournois, le marché est prospère. Au XIVème, les demeures et châteaux sont habillés de tentures de cuir qui remplacent peu à peu les tapisseries de laine trop sensibles à la lumière.
Grâce à la souplesse du cuir, les artisans commencent alors à créer des meubles de luxe pour les nobles et les riches marchands. Coffres et malles sont souvent ornés de motifs complexes et de décorations en cuir. Les selles, brides et tous les harnachements deviennent de sublimes œuvres d’art, confectionnées à partir des meilleurs cuirs et des plus solides. Au XVIème siècle, les artisans selliers obtiennent le droit de fabriquer et garnir les voitures à cheval. Sous leurs mains expertes, fiacres, carrosses et chaises à porteurs s’ornent de cuir. Au XVIIème siècle, ils commencent à expérimenter leur art avec des matériaux différents comme le velours, la soie ou les tapisseries. Les meubles deviennent quasiment des pièces de collection, prisés pour leur beauté et leur artisanat.
Au XIXème siècle, la sellerie connaît un nouvel essor grâce à celui de l’automobile. L’hippomobile n’est plus de mise et le siècle change de mode de transport, c’est le développement du train et de la voiture. Alors un peu délaissée, la sellerie s’adapte pourtant aux modes. Les artisans fabriquent des sièges et des intérieurs en cuir pour les voitures qui deviennent un symbole de luxe et de sophistication. Les grands designers de la période Art Déco s’en servent pour de petits objets et des luminaires en cuir cousu. Ils privilégient deux points de couture, le point sellier et le point Saumur, une suite de points inclinés plus ou moins espacés.
Toujours convoitée pour la solidité naturelle du cuir mais aussi pour sa production qui allie tradition et modernité, la sellerie est pratiquée par les artisans des ateliers Rinck dans le domaine de l’ameublement et de l’agencement. Ils fabriquent des sièges, des canapés, des coussins, ils confectionnent aussi des têtes de lit, des fauteuils, des rideaux, des revêtements de sol voire des murs tendus. Ils ont une connaissance approfondie en matière de cuir, ses caractéristiques, ses propriétés et ses différentes qualités.
Pour chaque projet ils sont ainsi capables de sélectionner le cuir adéquat en fonction de la couleur, de la texture, de la souplesse mais aussi de la durabilité. Ils maîtrisent les outils techniques qui leur permettent de travailler le cuir, de la découpe à la teinture en passant par le marquage et le piquage. Ils savent coudre à la main ou à la machine et peuvent poser des rivets ou des bouton-pression. Leur savoir-faire leur permet ainsi de créer des motifs et des designs sophistiqués, plus ou moins complexes, afin de personnaliser chaque pièce selon les goûts et désirs du client.
Tapisserie
L’art de la tapisserie serait presque aussi ancien que notre civilisation. Dans les rares documents antiques dont nous disposons, grecs ou égyptiens, on trouve des métiers de tapisserie forts semblables à ceux de haute-lice encore utilisés aujourd’hui, notamment à la manufacture des Gobelins. Dans les précieux récits d’Ovide ou d’Homère, on constate déjà que la tapisserie est bien présente dans la Grèce classique. Pénélope ne tisse-t-elle pas des années durant un linceul en attendant le retour d’Ulysse ?
Déjà, l’élégance de la tapisserie, sa minutie, sa richesse et le temps nécessaire à sa fabrication en font un art digne des dieux. Mais c’est bien la fin du Moyen-Age que l’on considère comme l’âge d’or de la tapisserie dont le métier reste un art hérité des artisans de cette époque. Ils le pratiquent alors pour confectionner des rideaux, appelés courtines, des couvertures, appelées elles, courtepointes. Ils fabriquent et posent également des tentures et des tapisseries.
Si leur savoir-faire est certes décoratif, il est aussi utilitaire puisqu’il prévient par exemple des courants d’air, empêche l’humidité du sol de pénétrer, protège contre le froid et la chaleur.
Sous le règne de Louis XIV et l’impulsion essentielle de Colbert, la Manufacture royale des Gobelins prend une place sans pareil. Sa production prolixe est destinée à meubler les châteaux et les maisons royales de toute l’Europe. Aujourd’hui la manufacture existe toujours, elle n’est plus royale mais nationale. Si le XVIIème siècle est une période très faste pour cet art, les guerres incessantes de la fin du siècle vident les caisses royales. Les artisans sont congédiés de la manufacture et la tapisserie tombe peu à peu en désuétude. Elle subsiste au XVIII et XIXème siècle mais son aura n’a pas la même ampleur.
C’est au XXème siècle que la tapisserie est à nouveau mise au-devant de la scène avec la création d’avant-garde. Plusieurs personnalités comme Antoine-Marius Martin, directeur de l’Ecole Nationale d’Arts Décoratifs d’Aubusson, Marie Cuttoli grande collectionneuse et éditrice textile, ou le couple de célèbres décorateurs et architectes Louis Süe et André Mare, participent à son nouvel essor. En 1925, lors de l’Exposition internationale des Arts Décoratifs au Grand Palais, la tapisserie est mise à l’honneur. Le public découvre des travaux inédits de jeunes artistes mais aussi de designers ou architectes reconnus comme ceux déjà cités.
La modernité de leurs œuvres est tout de suite perçue. Un nom résonne encore aujourd’hui comme celui qui a redonné ses lettres de noblesse à l’art de la tapisserie, Jean Lurçat. Le peintre surréaliste se voit confier de nombreuses commandes qui contribuent à relancer les ateliers. Souvent monumentales avec des couleurs très vives et un graphisme facilement reconnaissable comme ses coqs ou soleils, ses réalisations sont généralement destinées à habiller les architectures modernes comme la maison de verre de Pierre Chareau à Paris.
Rinck a à cœur de mettre ce savoir-faire traditionnel au service de la création contemporaine. L’équipe de designers travaille en collaboration avec de grandes maisons d’édition de textile, et permet ainsi aux artisans tapissiers d’ameublement de pouvoir mettre leur savoir-faire au profit de projets d’exception. Ces derniers sont capables de décorer n’importe quel espace intérieur. Tentures, voilages, rideaux, coussins, couvertures et têtes de lits, ils peuvent tout habiller même des portes ou des placards, garnir n’importe quelle assise avec du crin ou de la mousse, travailler sur tous types de fauteuils et canapés, de style ou contemporains.
Mais au-delà de ces connaissances purement techniques, le métier nécessite un certain sens de la recherche. Travaillant main dans la main avec les designers et le bureau d’étude, les artisans ont une très bonne connaissance des styles d’ameublement. Ils font régulièrement des recherches bibliographiques pour compléter le travail des designers et retrouver le style d’un siège, les codes d’une époque afin de pouvoir faire des propositions en adéquation aux projets sur lesquels ils travaillent.
A travers les créations contemporaines, comme la collection de textile désignée par Rinck et éditée par Maison Thevenon ou la collection capsule d’assises rendant hommage aux arts décoratifs créées en collaboration avec Fromental, Rinck poursuit son dialogue entre tradition et modernité et exprime sa volonté de réinterpréter le passé avec humilité et créativité.