A l’origine donc, celle-ci était posée sur une table, afin de créer un espace de travail et de protéger le bois des éclaboussures d’encre. Lorsqu’au court de l’époque moderne, les premières tables à usage spécifique d’écriture pour la noblesse seront inventées, le mot changera d’usage, passant d’un espace de travail temporaire à un meuble. Une petite ironie de l’histoire lorsqu’on songe qu’il redevient de plus en plus de nos jours un lieu temporaire, pour d’autres raisons. Au début du XVIIe siècle, après des décennies de guerres religieuses, la France est en paix. Henri IV règne sur un trône acquis de haute lutte, et la société est prête à passer à des activités plus calmes que les massacres qui ont émaillés le siècle précédent. C’est le début d’une époque d’activité littéraire sans précédent, qui va accompagner le siècle d’or de la puissance française sous Henri IV, Louis XIII, puis Louis XIV. Les salons littéraires, la préciosité, et les échanges épistolaires dans un royaume en pleine centralisation nourrissent le besoin d’un meuble dédié à l’écriture : le bureau.
Sully raconte ainsi dans ses mémoires qu’Henri IV lui demanda « Une espèce de cabinet ou grand bureau proprement travaillé et entièrement garni de tiroirs, de layettes, de cassetins tous fermants à clef, doublé de satin cramoisi. » Le bureau se répand rapidement pour l’usage des rois et de leurs conseillers, de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Les premiers modèles sont souvent couverts de marqueteries précieuses.