Mais rappelons d’abord ce qu’est le style Louis XV : un moment dans l’histoire de France qui vient succéder à l’ennui de la vieille cour de Louis XIV et de Madame de Maintenon, marquée par la bigoterie, très loin des plaisirs qui ont marqué la jeunesse du grand roi. A sa mort, après un règne de 72 ans, c’est toute une jeunesse aristocrate qui entend désormais s’amuser, ce que ne peut que renforcer la régence de Philippe d’Orléans qui commence alors. Bon vivant, nous dirions même aujourd’hui fêtard, le régent se veut protecteur des arts et de la culture. Le libertinage gagne Paris, et la décoration intérieure s’en ressent très vite : le style rocaille, pendant français du Rococo, s’impose sous la régence, d’abord flamboyant, puis plus léger durant le règne personnel de Louis XV.
Les palmes, ailes de chauve-souris et les coquilles deviennent omniprésentes dans le répertoire ornemental. La boiserie s’installe dans des pièces plus intimes, déployant un langage ornemental exotique et charmant, aspirant à la grâce et à la légèreté. Le règne du vieux roi a privilégié les attributs guerriers dans l’ornement ? Le nouveau siècle est au plaisir ! Les instruments de musique côtoient les corbeilles de fruit, les arabesques et les animaux dans le décor des boiseries, alors que l’expansion commerciale européenne ramène de multiples influences extérieures qui viennent bientôt se retrouver sculptés en chinoiserie, turquerie, et autres exotismes légers.